Fête de la flagellation chez les Peulh à Copargo

La flagellation dans le sourire pour démontrer son courage
Coups de chicotes sanglants pour jauger son degré de courage, les peulhs des 4 communes de la Donga ont célébré la fête de la flagellation pour commémorer les trois ans de Boni Yayi au pouvoir.

Jupe à la taille, pantalon dessous, torse nu, chicotes en mains au milieu d’une grande foule de curieux, les jeunes peulh célèbrent la fête de la flagellation. Amulettes aux bras pour certains et un bout de pagne peut être magique noué autour du cou ou sur la tête pour d’autres, ces jeunes, en groupuscules viennent demander la bénédiction des têtes couronnées et dignitaires royalement assis dans leurs fauteuils. A l’école primaire publique de Copargo, dans la soirée de ce vendredi 3 avril, les spectateurs ont vécu des scènes peu ordinaires qui démontrent sans nul doute la richesse de la culture peuhle. Il sonnait 18 heures 52 minutes quand les peuhls des 4 communes du département de la Donga offraient aux populations de Copargo des spectacles inédits. C’est la traditionnelle et historique fête annuelle des chicotes.

La flagellation, un événement qui sort de l’ordinaire

Attention aux âmes sensibles car, si vous n’êtes pas un habitué des actes violents, vous serez certainement horrifié, voire piquer une crise. Et ceci, parce que les coups de chicotes violents et sanglants s’abattent sur les candidats. Ils subissent sans crier et sous le résonnement des gros tambours et les cris d’encouragement du public, des coups lourds de chicotes. Ici, les renseignements s’avèrent très utiles pour les candidats à la flagellation. S’ils sont de la même lignée familiale, ils ne pourront pas se chicoter. Et les sages prennent soin d’étudier leur cas. Lorsque le verdict tombe, ils sont autorisés à passer à l’acte. Par pair, les candidats âgés de 16 ans à 20 ans pour les juniors et 22 à 30 ans pour les seniors devront passer à l’épreuve. Le premier en position, invite son concurrent à se pointer au milieu de la foule. Avec la grosse et longue chicote en main, il prend appui sur lui même, histoire de rendre assez retentissants les coups. Un pas en arrière, il bondit et frappe énergiquement son adversaire qui reçoit le coup sans piper mot. Pour se tirer d’affaire, le candidat devra recevoir successivement trois coups qui déchirent parfois la peau. Lorsqu’il résiste, sous les applaudissements du public, il change de main et son adversaire sera également soumis à l’épreuve. Tour à tour, les candidats se frappent et se blessent, mais aucun d’entre eux n’a échoué.

Le lendemain, c’est le tour des seniors de subir la flagellation. Là, l’épreuve a été plus douloureuse puisque les armes utilisées sont plus lourdes que celles des juniors. Des milliers de gens ne se sont pas fait raconter l’événement. Très affecté, un touriste français venu vivre l’événement avoue être surpris par cet événement qui sort de l’ordinaire. Pour lui, il faudra renforcer cette fête à travers le soutien des pouvoirs publics afin de faire converger les touristes vers les lieux à chaque saison. Selon les explications données par M. Djodi Buyague, un des organisateurs de la cérémonie, la fête des chicotes est une tradition peuhl qui se célèbre chaque année. Elle a lieu après la célébration d’un grand événement qui concerne toutes les communautés des peuhls vivant dans les 4 communes de la Donga. Il peut s’agir d’un mariage ou de tout événement très important dans la vie d’un homme. Ainsi, la flagellation peut intervenir dans le but d’annoncer aux populations, la fin de la saison sèche. Dans l’un ou l’autre cas, les responsables peuhls organisent la fête chez le roi de la localité dans laquelle l’événement a eu lieu pour manifester à ses communautés, la solidarité, l’entente et la franche collaboration qu’il y a entre eux et les autres ethnies.

La flagellation pour soutenir Boni Yayi

Dans ce cas précis, la fête de la flagellation est organisée pour célébrer les trois ans au pouvoir du Docteur Boni Yayi. Pour ces jeunes, il s’agit de démontrer au Chef de l’Etat, le courage du peuhl qui reçoit des coups durs de chicotes sans piper mot et lui réitérer leur soutien pour la gestion du pays et même aux fatidiques échéances de 2011. Ainsi, des milliers de peuhl de la commune de Copargo et de ses environs, dans une symbiose indescriptible, ont fait le choix de la continuité dans le changement. A cet événement culturel entièrement dédié à Boni Yayi, les corps ont saigné pour démontrer au chef de l’Etat qu’il doit être fort et courageux pour faire face aux nombreux défis qui l’attendent. Cette manifestation, la première du genre dans cette commune au profit du gouvernement du changement s’est bien déroulée à la grande satisfaction de tous les partisans de Boni Yayi.