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28 mai 2009

La Donga ou le dindon de la farce

La Donga ou le dindon de la farce
29 départements. Ce ne sera ni 12 ni 21. Boni Yayi a tranché. Les ciseaux du changement ont ainsi fini de découper au forceps le territoire émergent. Mais la couture trop politique livrée par le pouvoir laisse encore percer une œuvre à polémique. La mise en scène de la décentralisation a atteint son apothéose.

Le gouvernement émergent ne pouvait longtemps chercher refuge dans le faux fuyant dans le crucial dossier du découpage territorial. Les conclusions de Démolé Moko et les propositions de la commission Richard Adjaho n’ont pu obéir à la logique de la doctrine électoraliste du changement. La décision du conseil des ministres vient remuer les fanges de l’inachevé. Le régime Yayi s’est juste contenté de donner une réponse politique au grondement de la rue dont les échos risquent d’avoir des retombées fâcheuses sur ses ambitions pour 2011.

Quelques exemples illustrent fort bien le souci politico électoraliste du chef de l’Etat qui aboutit à cette inflation de chefs-lieux taillés pour régler des équations de la rue. Le département du Zou s’éclate en trois morceaux : Zou1, Zou2 et Agonlin. L’apparition de Zou2 témoigne de l’impact de la marche à Bohicon après le passage des compagnons de Richard Adjaho en promenade d’explication. La grossière fabrication de Plateau1 et Plateau2 ainsi que celle de Couffo1 et Couffo2, la découverte des 3A dans l’Ouémé sont des marques du boulé politique dans le champ de la décentralisation. On connaissait l’histoire de la balkanisation des Collines (Monts, Okouta et Collines) et celle de la Lama. L’aventure du découpage territorial s’est accommodée des marches de protestation. Les chefs- lieux sont aux marcheurs. Le gouvernement confie le destin de la décentralisation à la rue. Banikoara est érigé en département, seule commune et chef lieu du Koudou.

La dernière mouture du découpage officialisée par le Changement consacre la division de tous les anciens départements sauf la Donga. C’est, sans doute, l’une des absurdités de la décision gouvernementale. Qu’est ce qui peut justifier le statu quo dans la Donga avec l’association révolue des quatre communes Djougou,Copargo, Ouaké Bassila ? On sait que Djougou mérite d’être érigé en département et que les arrondissements de Patargo et de Bariénou ont une taille ridiculisant bon nombre de communes. Le sort idéalement injuste réservé à la Donga met à nu la dangereuse plaisanterie politique du découpage. Outre Djougou asphyxié par le choix de l’Etat, Ouaké, Copargo et Bassila, communes frontalières avec le Togo méritent meilleur destin. Mais si la Donga est devenue le dindon de la farce, la faute est à ses cadres, complices du traitement scandaleux réservé à leur localité. La ruée vers le paradis cauri a fait perdre raison à la foule de personnalités issues de la zone. Ceux qui sont promus à des postes juteux de Directeur général de société d’Etat sacrifient le département marginalisé pour mieux jouir des dividendes du pouvoir. Les autres, enfouis dans d’infini espoir de promotion refusent de plaider pour la Donga natale. Tous vivent sous la couverture d’un silence suicidaire. Conséquence : pour les questions de développement, Djougou, Copargo, Bassila et Ouaké ensemble seront par exemple mis dans la même balance que Banikoara. Ces mêmes cadres aujourd’hui frileux parce que aveuglés par l’égoïsme et les intérêts personnels valident l’arriération de la Donga transformée en ramasse-miettes. La méthode Yayi de quota des ministres par département expose la Donga, sous cette forme, à une sanction imméritée. L’histoire comptera les cadres fautifs parmi les fossoyeurs de l’espérance des natifs de cette partie du pays. Les populations ne se déroberont pas à leur responsabilité et seront enclines à sanctionner au moment opportun ces cadres trop obsédés par le gain personnel dans le marché florissant du changement.

Si les cadres blâmables semblent condamnés à être rattrapés par leur démission face aux enjeux de développement de la Donga, Boni Yayi peut, en revanche, toujours se rattraper. On appréciera alors son attachement au développement de la Donga. Léser les populations ou réparer l’injustice. Le chef de l’Etat a le choix. Mais l’humeur de la Donga jouera dans le verdict de la présidentielle dans le septentrion. C’est une donnée à ne pas négliger.

Sulpice O. Gbaguidi

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