Le roi et le maire de Djougou Kpetoni Kora visitent les agriculteurs autour d'Evreux
Dès le début de son séjour, la délégation emmenée par Mickaël Bassabi Djarra, maire de la commune de Djougou, s'est renseignée sur les pratiques agricoles en visitant quatre fermes dont celle de François Bodard, ancien Volontaire du Progrès au Bénin. Ingénieur en technologie alimentaire, le maire de Djougou, qui vient d'être réélu pour un nouveau mandat, prépare des projets de développement des ressources naturelles et envisage la création d'un centre communal de nutrition pour les enfants qui sont sous-alimentés. Il s'est montré tout particulièrement intéressé par les techniques de production de jus de pomme et de cidre du Clos Cerisey par un agriculteur de Gauciel qui, progressivement, transforme ses champs de blé en vergers de pommiers. Pourquoi ne pas imaginer des vergers d'arbres tropicaux à Djougou et la transformation des fruits en jus variés ? L'agriculteur a été sollicité pour donner ses conseils et collaborer à la coopération Evreux-Djougou.
Les Béninois, venus d'une région où l'on cultive le coton et où les producteurs sont groupés, ont découvert la culture du lin, particulièrement importante en Normandie. Ils ont aussi appris, en visitant un imposant silo à céréales qui domine le plateau, que ce sont les agriculteurs des environs, réunis en syndicat, puis en coopérative, qui en sont à l'origine alors que sévissait la crise économique des années trente et de l'après-guerre. Aujourd'hui, le blé récolté ici, à quelques kilomètres d'Evreux, est stocké là en attendant, via le port de Rouen, d'être exporté dans le monde entier, notamment en Afrique occidentale et donc probablement au Bénin.
Fin de la visite chez François Bodard, membre actif de la coopération Evreux-Djougou. Etonnement là encore de la délégation en apprenant que l'agriculteur s'occupe seul de sa ferme en pilotant de puissants tracteurs équipés d'ordinateurs pour doser les traitements. Mais, le principal outil de l'agriculteur c'est la calculette, surtout en ces temps où les prix varient quotidiennement. Alors que la spéculation s'est abattue sur l'agriculture depuis quelques mois, le paysan ne peut plus rester en marge d'un jeu qui le dépasse mais risque de l'emporter. A lui de savoir à quel moment précis il lui faut récolter, stocker, vendre, acheter... comme à la bourse. Vertigineux. Effrayant même quand on sait que ce jeu spéculatif qui vient perturber les règles commerciales aggrave les risques d'une crise alimentaire mondiale.